L'orgue de l'église de Templeuve en Pévèle a été acheté en 1856, d'occasion, et installé en fond de nef sur une tribune bâtie à cet effet. Ceci a entraîné la fermeture des arcades latérales du porche et la dissimulation de celle ouvrant sur la nef. En fin de siècle l'orgue sera revu par le Facteur de Rexpoëde, Neuville, qui a une excellente réputation.
On remarque de suite la position inhabituelle de l'instrument qui est suspendu au dessus de la tribune avec les claviers se trouvant du côté sud, rteliés au buffet par la tringlerie. La tribune elle-même n'est guère solide et ne pourrait porter le poids de l'instrument. Sa souplesse même ne permettrait pas de mettre les claviers au centre comme cela est proposé par les projets de restauration de M Cogez. Le buffet est une boiserie néo-gothique sans grand intérêt.
Par contre les jeux de cet orgue sont en général très beaux. Il serait intéressant de pouvoir connaitre l'origine de cet instrument qui pourrait dater de la fin du XVIII° siècle ou du début du XIX° siècle, ainsi que la part d'intervention de Neuville. Les facteurs Cogez et Delmotte consultés pour la restauration dénoncent des erreurs de conception tant en mécanique qu'en répartition des jeux. Il n'y a pas de jeux propres au pédalier par exemple.Le récit partiel est typique de la facture française de l'âge classique et démontre l'ancienneté de cet orgue. Il semble nécessaire de revoir cet instrument de façon sérieuse et d'en aborder la restauration avec soin. Il me semble qu'il ne faudrait pas trop modifier sa composition et éviter de l'augmenter pour qu'il puisse permettre l'exécution d'une plus simple littérature.
Le fait que l'instrument doit être entièrement revu, que la tribune ne peut supporter de charge, on pourrait se demander s'il faut le laisser à cet emplacement. La restauration "in situ" exige de refaire aussi la tribune, or nous avons vu que pour l'installer il a fallu masquer la disposition monumentale du porche, ce qui est assurément préjudiciable à l'allure générale de cette église. C'est pourquoi je propose un plan général d'aménagements dans lequel entre la restauration de l'orgue, et dont la réalisation pourrait être programmée en phases successives.
La première opération consiste à placer l'orgue dans le choeur, en encorbellement sur le mur latéral nord (là où se trouve le tableau de St François de Paule marchant sur les eaux). Un avis autorisé des facteurs et de musiciens est nécessaire pour s'assurer que placé là, cet orgue donnerait encore pleinement de la voix. Mais les avantages sont multiples. L'instrument serait plus en rapport avec le déroulement de la liturgie; sa qualité "classique" permettrait des concerts où il serait soliste (concerti pour orgue de Haendel par exemple). Il pourrait aussi être doté d'un beau buffet. Il serait possible, à cet emplacement de disposer le ventilateur et peut-être même le soufflet dans une partie de la sacristie qui se trouve derrière le mur auquel il s'adosserait.
Le déménagement de l'orgue permet en seconde phase de dégager le porche et d'aérer considérablement l'entrée de l'église, de faire bénéficier à la nef de la lumière de la baie occidentale. Le plafond du porche serait restitué au niveau du décrochement des murs et une grande partie des matériaux de l'actuel plancher pourrait resservir à cela. Ce dégagement du porche posera probablement les questions annexes de la conservation ou non de la grotte de Lourdes, et aussi l'emplacement à trouver pour le tableau de Bellegambe. Cette oeuvre remarquable est évidemment très mal placée là où elle est actuellement. On pourrait la remettre à sa place d'origine, c'est à dire au Maître autel de l'abside avec les colonnes qui l'accompagnait avant le démantellement du rétable du XVII° siècle (vers 1846). Cette opération pourrait être examinée et probablement subventionnée par les services départementaux des Objets d'Art.
Enfin, dans une vision plus lointaine et plus ambitieuse, il serait possible de rendre à la nef centrale son allure du XIII° siècle en restituant le plafond plat en bois qui s'y trouvait avant les transformations de 1880. Pour placer au plus haut possible les fausses voutes gothiques en torchis, les poutres et quelques pièces essentielles de la charpente (XV° - XVI° siècle) ont été supprimées, ce qui rend le grand comble fragile; il accuse de fortes déformations latérales lorsqu'on le regarde depuis les baies du clocher. L'opération ne serait pas seulement esthétique, mais encore rendrait à l'édifice sa solidité et son équilibre.
L'église de Templeuve est d'une grande qualité architecturale, malgré quelques transformations regrettables dues au XIX° siècle, lesquelles pourraient être corrigées partiellement et donner de l'édifice une autre vision, plus conforme aux caractères régionaux dont l'église de Templeuve possède déjà des éléments significatifs.